Découvrir le plaisir féminin : tout ce que vous devez savoir sur la masturbation

Découvrir le plaisir féminin : tout ce que vous devez savoir sur la masturbation

Découvrir le plaisir féminin : tout ce que vous devez savoir sur la masturbation

Par : Loryanne-Héllène Gauvin, sexologue et co-fondatrice de la Clinique Matrescence

La masturbation est en soi un pratique qui a longtemps été considérée comme un tabou immoral. La masturbation masculine, notamment, a déjà été considérée comme une pratique dangereuse qui engendrait des maladies #onanisme #merciTissot.  Maintenant, on le sait, la masturbation est une pratique tout à fait naturelle et bénéfique pour la santé sexuelle et émotionnelle. Toutefois, la masturbation féminine demeure (même si c’est de mieux en mieux) un sujet tabou.

Le clito-quoi?

La masturbation, peu importe le genre, est une expérience humaine universelle. C’est une pratique qui permet la connaissance de soi face à son propre corps, ses sensations et ses préférences sexuelles. Pourtant, la masturbation féminine a souvent été entourée de stéréotypes négatifs et de désinformation. D’abord, il est important de mentionner que la sexualité de la femme a longtemps été élaborée autour de la procréation et du plaisir pénétratif, notamment sous le règne de la religion. Il est possible de penser à la ceinture de chasteté au moyen-âge, ou encore du devoir conjugal. Aussi, il y a Freud qui a élaboré le terme « libido ». Pour lui, la sexualité de la femme migrait du clitoris vers le vagin. Or, il est démontré que la stimulation primaire dans un rapport sexuel chez la femme est le clitoris, à l’externe comme à l’interne. Par ailleurs, nous pouvons remercier la féministe radicale Anna Coedt avec son article en 1970 « Le mythe de l’orgasme vaginal » , et Helena O’Connell en 1998 qui a abordé de la complexité du clitoris, puis finalement à Fauldier et Buisson, en 2009, qui ont publié la première image échographique en 3D du clitoris stimulé. Bon, ce qu’il faut comprendre de ces références, c’est que ça a pris un bon bout de chemin avant qu’on ne valide que le plaisir sexuel de la femme se distance de celui de l’homme. Heureusement, il y a des changements positifs qui se produisent à l’égard de la sexualité féminine, mais il n’en demeure pas moins que nous avons encore beaucoup de choses à venir déconstruire et à apprendre!

Le mythe du point G 

Outre les bienfaits de la masturbation féminine, il est essentiel de discuter du fameux « point G », un sujet qui a suscité de nombreuses discussions, questions et malentendus au fil des ans. Le « point G » est une zone spécifique à l’intérieur du vagin, située sur la paroi antérieure (vers le nombril) à environ 2 à 5 cm de l’entrée du vagin. Il a été nommé d’après le gynécologue allemand Ernest Grägenberg, qui l’a décrit pour la première fois dans les années 1950. On a longtemps que le point G était la clé de l’orgasme vaginal intense et qu’il devait être stimulé pour atteindre cet objectif (#notalways).

De nombreuses études n’ont pas pu fournir de preuves solides de son existence ou de sa localisation précise. La réalité est que toutes les femmes sont différentes, et ce qui fonctionne pour l’une peut ne pas fonctionner pour une autre. Par ailleurs, lorsqu’on parle d’éjaculation féminine, il s’agit de la stimulation des glandes para et périurétrales qui tapissent l’urètre. Toutefois, ce ne sont pas toutes les femmes qui en produiront et chacune en aura d’une quantité différente (parce que chaque personne est unique, donc chaque corps l’est aussi).  Bien sûr, la stimulation du point G peut provoquer une forte excitation et des orgasmes intenses pour certaines femmes, tandis que pour d’autres elles peuvent ne pas ressentir grand-chose. Il est donc essentiel de comprendre que la sexualité est complexe, puis nous avons tous nos propres préférences sexuelles et zones érogènes. Surtout, il ne faut pas se mettre de pression pour trouver le point G.

Les avantages de la masturbation féminine

  1. Plaisir et détente: la masturbation est une excellente manière de se détendre et de ressentir du plaisir. L’orgasme qui en résulte permet de libérer des endorphines et de l’ocytocine (hormones du bonheur), qui peuvent aider à réduire le stress, l’anxiété, améliorer la qualité du sommeil et même réduire les douleurs menstruelles.
  2. Meilleure connaissance de son corps: Elle permet aux femmes de mieux comprendre leur anatomie et ce qui leur procure du plaisir corporellement. Cela peut particulièrement être utile pour améliorer leur vie sexuelle et communiquer efficacement leurs besoins à un partenaire. Alors, oui, même si tu es en couple, c’est de l’empowerment à l’état pur que de connaitre son corps et de pouvoir guider l’autre.  
  3. Renforcement du système immunitaire: Des études ont montré que la masturbation régulière peut renforcer le système immunitaire en augmentant la production d’anticorps et en réduisant le risque de certaines infections.

La masturbation féminine : quelques conseils

Si vous envisagez d’explorer la masturbation féminine ou si vous cherchez à l’améliorer, voici quelques conseils utiles :

 

  1. Créez un environnement confortable: choisissez un endroit où vous vous sentez à l’aise et en sécurité, en toute intimité. Vous pouvez également stimuler vos sens avec des odeurs, des bougies, des images, de la musique relaxante… Bref, ce qui est cohérent à votre
  2. Explorez votre corps: prenez le temps de découvrir votre propre anatomie. Utilisez vos mains pour explorer différentes zones de votre corps (pas juste les organes génitaux!) et découvrez ce qui vous procure du plaisir.
  3. Utilisez des « outils »: il existe maintenant l’opportunité de se procurer des jouets sexuels qui peuvent ajouter une nouvelle dimension à la masturbation. Assurez-vous de choisir un jouet qui correspond à vos préférences et votre confort. Le but est de se sentir bien, et non intimidée.
  4. Détendez-vous et respirez: la respiration profonde peut aider à vous détendre et à intensifier les sensations. N’hésitez pas à pratiquer la méditation ou des exercices de respirations pour vous connecter à votre corps. Et ce, hors de la routine masturbatoire.
  5. Ayez une bonne hygiène dans votre routine: Lavez-vous les mains avant, faites pipi après la masturbation et nettoyer vos jouets (s’il y a eu utilisation) : Cela vous permettra de prévenir les infections vaginales et urinaires.
  6. Respectez-vous!: La sexualité ne devrait jamais être une charge ou forcée. Si la masturbation ne t’intéresse pas, c’est TRÈS OK. Ce n’est pas obligatoire, et il y a tout plein de façon d’explorer sa sexualité. Par ailleurs, si tu ressens un malaise face à la sexualité, il est important de consulter un.e professionnel.le pour l’adresser.

En conclusion, la masturbation féminine est une pratique normale et saine qui devrait être débarrassée de tout stigmate. C’est un moyen puissant de découvrir son propre corps, de se détendre, de réduire le stress et de renforcer la confiance en soi. Plus nous normalisons cette conversation, plus nous contribuons à l’agentivité sexuelle et l’autonomie, donc à l’épanouissement des femmes dans leur sexualité. C’est une occasion parfaite pour découvrir ce qui vous excite le plus. Il n’y a pas de règles strictes ou de « point magique » qui garantit l’orgasme. Le plus important est de se sentir à l’aise avec son propre corps, communiquer ce qu’on aime (ou ce qu’on n’aime pas) et profiter d’explorer sans pression ni attentes irréalistes. C’est un voyage individuel qui vous permet d’avoir une meilleure compréhension de vos désirs sexuels. Have fun!

 

Références

  • Basson, R., Brotto, L. A., Laan, E., Redmond, G., & Utian, W. H. (2010). Assessment and management of women's sexual dysfunctions: problematic desire and arousal. Journal of Sexual Medicine, 7(1pt2), 586-614.
  • Brotto, L. A., Basson, R., & Luria, M. (2008). A mindfulness-based group psychoeducational intervention targeting sexual arousal disorder in women. Journal of Sexual Medicine, 5(7), 1646-1659.
  • Carvalheira, A., Santana, R., & Pereira, N. M. (2014). Why do women refrain from sexual activity? Results from a Portuguese representative sample. Journal of Sex & Marital Therapy, 40(5), 349-367.
  • Exton, M. S., Bindert, A., Krüger, T., Scheller, F., Hartmann, U., & Schedlowski, M. (2001). Cardiovascular and endocrine alterations after masturbation-induced orgasm in women. Psychosomatic Medicine, 63(5), 833-838.
  • Herbenick, D., Reece, M., Sanders, S. A., Dodge, B., & Fortenberry, J. D. (2011). Women's vibrator use in sexual partnerships: Results from a nationally representative survey in the United States. The Journal of Sexual Medicine, 8(10), 280
  • Jannini, E. A., Buisson, O., Rubio-Casillas, A., & Whipple, B. (2014). Beyond the G-spot: clitourethrovaginal complex anatomy in female orgasm. Nature Reviews Urology, 11(9), 531-538.
Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.

Vous pourriez aussi aimer

Qu’est-ce que le upcycling ? ♻️Comme le terme l’indique c’est une forme de recyclage par le haut 🔝. C’est donc, contrairement au recyclage, une revalorisation qui n’enlève pas de qualité a l’objet issu du processus!

Lire Blog